En art, il y a ceux qui voient et ceux qui écoutent, pas seulement en musique mais aussi dans les arts plastiques.
Il y a par exemple un type de dessin visionnaire – quasi photographique – une image bloc, puis un dessin de l’écoute dont le trait est moins sûr, plus incertain, qu’il faut interpréter pour comprendre ; ce dessin est celui des repentirs, des formes ouvertes et s’il s’écoute plutôt qu’il ne se voit c’est parce que l’écoute s’écoule dans le temps.
Le dessin n’est pas seulement l’instrument d’une maîtrise, il convoque aussi dans son processus une forme de hasard, du doute, des accidents, des potentiels, des mouvements, des gestes, un souffle…
Dessiner ne sert pas seulement les fins de la représentation en effectuant « par la main ce qui a été conçu par l’esprit », comme le signifiait Alberti. Dessiner fait rentrer le temps dans le visible.
Henri Michaux écrivait « Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls » (Œuvres complètes II, p. 371)